Ma différence est ma force

Je vais probablement aborder un sujet dont j'ai déjà parlé dans mes précédentes chroniques, mais à vrai dire, c'est une question qui me tracasse beaucoup.

Récemment je me suis rendue compte que j'avais changé. En quoi je l'ignore encore, mais j'ai la nette impression d'être une personne différente. Une chose est sure j'ai évolué. En bien je ne sais pas. Nombreux sont mes amis qui me trouvent non pas méconnaissable mais presque. Je ne m'intéresse plus aux mêmes choses, mes habitudes ont changé, quand je me regarde dans le miroir, je ne suis plus la même. J'ai un regard plus large, plus posé sur tout ce qui m'entoure. Je prends le temps de me poser des questions, d'analyser ce qu'il se passe avant d'agir. Je suis davantage pensive, et moins spontanée. Pourtant c'était la qualité que je me préférais. Je m'intéresse moins à moi et plus aux autres tout en sachant reconnaître ce qui nécessite vraiment mon attention et mon regard. Je deviens une femme. C'est effrayant parce que quand ça arrive on ne comprend pas tout ce qu'il se passe. Quand je vois mon reflet dans les vitres du métro, je ne vois plus la petite fille un peu perdue, qui veut que tout le monde la remarque, qui a besoin d'attention et de compliments. Je suis devenue celle qui espère toujours en secret que quelqu'un la remarque mais qui n'a pas besoin qu'on le lui dise car elle le sait. J'ai l'impression d'être devenue plus sage, plus mûre. Mais je ne saurais pas bien l'expliquer. Je suis si calme... c'est presque alarmant. Je ne perds plus mon temps avec des causes perdues, je ne m'imagine plus un futur mais je vis au jour le jour, certes en espérant tomber sur quelqu'un qui saura changer ma vie bien que tout au fond de moi j'espère qu'elle ne changera pas. Je me sens bien. Je pense être sur la bonne voie, mais cette patience est si inhabituelle qu'elle en devient étrange. C'est vrai que quand j'y réfléchis, je me dis que mes soucis sont puérils. Sérieusement, je suis bizarre. Je suis même en train de sourire en écrivant ça parce que je me demande si ça intéresse quelqu'un ce que je dis. Mais en fait quand j'écris j'arrive à élargir mes pensées et mes opinions sur les choses. J'aborde un sujet en étant certaine que je n'en dirai que quelques lignes, et un mot après un autre, un sujet en entraînant un autre, j'arrive toujours à écrire plus que je ne le pensais. C'est aussi ça que j'aime dans l'écriture. Il n'y a pas de limites, on ne risque pas de lasser l'autre parce qu'on se parle à soi-même. Je trouve ça beau. Je déteste ennuyer les gens et c'est sûrement pour cela que je ne parle pas beaucoup. Je suis plutôt le genre de personne qui écoute en glissant deux ou trois mots par ici et par là. Celle à qui on demande conseil parce qu'on sait qu'elle ne jugera jamais et qu'elle fera tout pour nous montrer le bon côté des choses. Je suis la personne de confiance à qui on peut tout dire, parce que quoi qu'il en soit je sais toujours rassurer et être présente et utile. Je ne suis pas vraiment rancunière, tout dépend de l'erreur, et je suis surtout fiable. Malheureusement j'ai du mal à donner ma confiance. Parfois j'aimerais aussi pouvoir tout raconter à quelqu'un qui me conseille et qui n'en a jamais marre d'écouter tout ce que je pourrais dire. Mais je ne suis que celle qui évite d'en dire trop, de peur d'être jugée, je suis celle qui garde tous ses secrets. Je suis secrète, c'est ma force et ma faiblesse à la fois parce que quand je tombe, je tombe seule et personne ne saurait dire pourquoi. J'ai besoin d'être secrète. Je fait partie du genre qui ne croit que ce qu'il voit et qui ne se fie qu'à lui-même. Sûrement parce que je déteste haïr quelqu'un pour avoir fait quelque chose qui m'aurait entraîné dans la chute avec lui, ou être la personne qui y entraînerait les autres.

Bref, j'ai changé. Je vois en moi quelqu'un de neuf et de fort. Quelqu'un qui pourtant est capable de se briser en silence, sans que personne ne le sache. Et c'est ma plus grande peur car d'une certaine manière, personne ne sait quand je vais mal, et le fait d'avoir à nos côtés une personne qui puisse sentir ça n'importe quand est le meilleur réconfort qui soit. Ce doit être difficile d'être proche de moi. Les gens se demandent sans doute toujours à quoi je pense, ce qu'il se passe dans ma vie mais je ne donne jamais le moindre signe ou indice. Je suis celle qui regarde sans un mot et qui s'exprime dans sa propre tête. C'est ce qui fait de moi que je suis différente je pense. Je suis un peu zinzin sur les bords je crois. Et si je suis certaine d'une chose c'est que ça ne changera jamais.

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